Le Rainbow Room du Rockefeller Center a ouvert ses portes en 1934, après la fin de la prohibition. Son propriétaire (J.D. Rockefeller, Jr) était un défenseur célèbre de la tempérance et le pays vivait la Grande Dépression – un contexte improbable pour la création d’un fastueux club de nuit accueillant l’élite de la ville. Néanmoins, le Rainbow Room a prospéré, avec son design Art Déco et ses grandes fenêtres. Couru par le tout-New York et un large éventail de célébrités au fil des ans, de Bette Davis, Marlene Dietrich à Sir Laurence Olivier en passant par Tony Bennett, Louis Armstrong et Rosemary Clooney, ce site historique classé a surmonté de nombreux défis pendant son existence.
New York nouveau
Des quartiers redécouverts et des repaires de bien nantis transforment la ville qui ne dort jamais.
De Fiorella Valdesolo - 23 mai 2023
Quoi de plus approprié, alors, au moment où New York émerge de la pandémie et où les inquiétudes persistent à propos de l’inflation, que le Rockefeller Center, souvent rejeté comme le point de mire des touristes, se relève à titre de brillante destination des plus fortunés. Ville en constant mouvement, New York continue de surprendre.
Séjours suprêmes
New York compte plusieurs palaces – le Mark, le Carlyle et le Beekman, pour ne nommer que ceux-là – mais le plus médiatisé de la nouvelle récolte accorde autant la priorité au repos et à la relaxation qu’aux décors de grand luxe, et aux spas somptueux sur place. Le premier hôtel Aman de la côte Est a élu domicile dans le célèbre Crown Building de la 5e avenue, transformé par Jean-Michel Gathy en un sanctuaire moderne. Allongé devant le foyer, vous avez vue sur la 5e avenue, sans son brouhaha au sol, dans une suite se déployant sur 2 000 pieds carrés (185 m²). Des foyers bordent également la piscine dans ce qui pourrait être considéré comme le joyau de l’hôtel : un spa sur trois étages (accessible seulement aux clients et membres Aman) où l’on profite d’un massage thaïlandais à l’huile ou d’une perfusion, ou bien d’un traitement banya d’une demi-journée ou d’une journée complète.
Le spa du NoMad Ritz-Carlton est une attraction de la tour élancée conçue par Rafael Viñoly (son traitement Method emblématique est un soin facial rajeunissant sur mesure au moyen de produits Augustinus Bader). Tout aussi invitants, on y trouve les nouveaux avant-postes de José Andrés que sont les restaurants Zaytinya et Bazaar et le grouillant bar Nubeluz sur le toit. Accompagnement parfait pour la vue : le Foggy Hill, une concoction de mezcal, vermouth et Cynar, revêtue d’un spectaculaire nuage d’orange et de thym. Les chambres les plus convoitées du nouveau Casa Cipriani, dans le magnifique immeuble « beaux-arts » Battery Maritime Building au centre-ville, sont celles dotées d’un balcon privé donnant sur la Statue de la Liberté. Dans son spa tranquille, les clients ont droit à un massage de drainage lymphatique et à un massage buccal avec un bref séjour dans la chambre de cryothérapie.
Tables haut de gamme
La vague de restaurants omakase exclusifs et d’une conception exquise est, pour ceux qui aiment leur repas dans la tranquillité et le cérémonial, un ajout bienvenu à l’offre gastronomique de la ville. Omakase – qui se traduit par « Je m’en remets à vous » – est un style culinaire traditionnel japonais où le repas est adapté aux goûts individuels. Seules 120 personnes par semaine peuvent manger au Yoshino et vivre l’approche rigoureuse du chef Tadashi Yoshida de Tokyo; le sushi Yakisaba, une de ses marques de commerce, se combine au maquereau cuit sur charbon avec gingembre et shiso marinés. Il a récemment mérité une étoile Michelin et une critique quatre étoiles du New York Times.
Daniel Boulud accède à la scène omakase au Jōji, aux allures de bar clandestin sous le One Vanderbilt de l’hôtel Grand Central. L’art du maître du sushi George Ruan et de deux autres vétérans du Masa brille dans des mets qui vont au-delà des ingrédients japonais traditionnels – comme de petits poissons perciformes apprêtés selon la technique kara-age et servis avec caviar, fleur de shiso et, étonnamment, purée d’oignon blanc. Contrairement au reste de la cohorte omakase, l’ambiance y est moins ouatée (vous pouvez même y entendre du rap). Et chez Noz 17 à Chelsea, Junichi Matsuzaki réinvente la forme, créant un omakase non conventionnel qui peut même comprendre un onigiri de champignon végétalien.
Tout aussi difficile d’accès, mais beaucoup plus vivante, la clinquante brasserie Le Rock, la plus bourdonnante des options de repas du Rockefeller Center de l’équipe du Frenchette; vous y trouverez des mets modernes à la vinaigrette de poireaux et des escargots bourguignons. Entre-temps, la table italienne Al Coro de grande classe combine un élégant menu à plusieurs services (dont des pâtes d’exception comme les culurgiònes farcis au mascarpone et à la fontina, ornés de caviar) à la musique en direct dans l’ancien espace Del Posto. Vous pouvez aussi vous glisser sur l’une des banquettes de velours du tout nouveau Torrisi du Puck Building, où le menu remanie les plats italiens, à la new-yorkaise; vous y trouverez des linguinis sauce rosée Manhattan aux palourdes, et du foie haché au Manischewitz. Créé par Major Food Group, qui a récemment annoncé l’ouverture d’une succursale du ZZ’s Club réservée aux membres, sur invitation, avec un restaurant privé Carbone dans Hudson Yards.
Bars animés
La vogue des « lampées » de caviar bat son plein au Temple Bar du NoHo et au Nubeluz, où une « lampée » de trois grammes de Kaviari Ossetra trône au menu. De grandioses plats de mollusques crus accompagnent les boissons du moment au Corner Bar, le plus récent restaurant du chef Ignacio Mattos au Nine Orchard dans le Chinatown, et au Holywater, le bar de style Nouvelle-Orléans dans TriBeCa, où vous attend l’assiette Celebration. Au populaire bar Overstory de 26 places du 64e étage d’un immeuble art déco distinctif du district financier, vous pouvez siroter votre cocktail In the Clouds à base de thé Earl Grey devant une vue panoramique de la ville. Les amateurs de cocktails convergent également vers une ancienne remise de trois étages dans Gramercy, que Takuma Watanabe, ancien barman de l’Angel’s Share, a transformé pour en faire le Martiny’s, havre japonais de dégustation de mélanges soignés et d’une collection illimitée de whiskys rares du Japon (les habitués peuvent acheter leur bouteille préférée et la stocker sur place). Si votre rêve du week-end se traduit par martini et frites dans un box somptueux, vous avez The Nines, un supper club à l’ambiance feutrée dans SoHo, ou le Monkey Bar rénové dans Midtown.
Antres de culture
Le Midtown Manhattan est un nouveau creuset de la scène artistique avec l’avènement du Shed, espace culturel polyvalent accueillant des œuvres de créateurs de diverses disciplines et formations. À noter : l’architecture évolutive de la structure : entre autres caractéristiques, une enveloppe extérieure mobile crée un pavillon couvert de 17 000 pieds carrés (1 500 m²) sur la place adjacente pour des performances, installations ou événements à grande échelle. Pendant les saisons passées, la scène du Shed a reçu des talents comme Björk, offrant aux visiteurs une expérience de concert à l’acoustique supérieure. L’ouverture très attendue, cette année, du Ronald O. Perelman Performing Arts Center au World Trade Center apportera un autre lieu de programmation à la page pour l’opéra, le cinéma, le théâtre, la danse et la musique. Les oasis d’arts visuels abondent à New York, mais pour vous faire collectionneur, allez visiter les galeries du centre comme Perrotin, Fortnight Institute, Karma, Sargent’s Daughters et Gordon Robichaux (où Tabboo! figure sur la liste des talents).
Boutiques nouvelles
Tant pis pour les achats en ligne, la renaissance de New York après la pandémie a entraîné l’ouverture de nombreuses boutiques, dont la plus emblématique est Hermès. Cette grande marque française était déjà présente en ville, mais a décidé de hausser la mise : la nouvelle boutique porte-étendard, qui a ouvert en octobre sur Madison Avenue, surclasse les anciens locaux par un énorme espace de 45 000 pieds carrés (4 200 m²) offrant des articles spéciaux, dont les sacs Kelly, produits exclusivement pour elle. Après avoir ramassé vos boîtes orangées, dirigez-vous vers SoHo où vous trouverez les nouvelles boutiques Courrèges, Byredo, Mulberry, Jennifer Fisher et Givenchy, celles du populaire designer culte Desert Vintage, et de l’étiquette suédoise Toteme, dont l’intérieur – doté de sofas Josef Frank et d’une table Marc Newson – a été pensé par les fondateurs (Elin Kling et Karl Lindman) avec le studio d’architectes Halleroed, et est aussi admiré que les styles minimalistes sur les présentoirs.
Soins du visage
Pour soigner le visage dans le luxe, New York ne lésine pas. Dans son premier local new-yorkais, le spécialiste italien du visage adopte une approche personnalisée pouvant inclure les DEL, la méso-microponcture, la lumière pulsée ou l’exfoliation au fil de coton. Dans Uptown, au Carlyle, la marque suisse bien-aimée de soins cutanés Valmont propose à la fois une boutique phare et un spa, où le soin facial le plus délicat au menu Only at the Carlyle est prodigué par deux thérapeutes effectuant un massage et un soin OxyLight avec gua sha. Et les célèbres produits Dr. Barbara Sturm de soins du visage sont en vedette au spa récemment ouvert de SturmGlow et Non-Surgical Facelift dans SoHo. Ils honorent leur promesse : restaurer une ardeur innée qui s’est peut-être affaiblie. Et par les temps qui courent, New York honore cette même promesse.
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